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Après avoir passé 46 000 ans gelés dans le pergélisol sibérien, des vers ont été ramenés à la vie

Un vieux ver. Crédit image : Shatilovich et al., PLOS Genetics, 2023 ( CC BY 4.0 )

Ces créatures étonnantes ont coexisté avec les mammouths laineux à l’époque.

Des vers anciens ont été ramenés à la vie après avoir passé 46 000 ans gelés dans le pergélisol sibérien. Ces minuscules animaux, connus sous le nom de nématodes, ont été ressuscités après un long sommeil qui a débuté à la fin du Pléistocène, il y a environ 45 839 à 47 769 ans, selon une analyse au radiocarbone. Cette découverte est tout à fait remarquable.

Ces créatures microscopiques sont incroyablement résistantes et appartiennent à une espèce jusqu’alors inconnue de la science, nommée Panagrolaimus kolymaensis.

Les nématodes, également appelés vers ronds, figurent parmi les rares organismes capables de survivre dans des environnements aussi extrêmes pendant de longues périodes. Pour y parvenir, ils entrent dans un état de dormance similaire à une léthargie appelée «cryptobiose», où tous les processus métaboliques mesurables cessent jusqu’à ce que les conditions environnementales s’améliorent. Cette capacité étonnante leur permet de résister aux rigueurs du temps dans le pergélisol et de reprendre vie lorsque les conditions deviennent favorables.

En 2018, les nématodes ont été ressuscités après 42 000 ans présumés de cryptobiose – cette nouvelle découverte repousse celle qui remonte à plusieurs millénaires. 

D’autres organismes capables de réaliser un tel exploit incluent les tardigrades et les rotifères. Un exemple remarquable de ce phénomène est la découverte d’une spore bactérienne conservée dans l’ambre depuis environ 25 à 40 millions d’années.

Dans cette nouvelle étude, les nématodes de l’espèce P. kolymaensis ont été récupérés à une profondeur de 40 mètres dans le pergélisol, le sol gelé, sur les rives de la rivière Kolyma, dans le nord-est de la Sibérie.

Ces régions recèlent un trésor de découvertes anciennes et surprenantes, allant de l’ADN et des virus archaïques à un ours entier. La préservation exceptionnelle offerte par le pergélisol a permis de faire des découvertes scientifiques fascinantes, montrant la résilience de certains organismes face à des conditions extrêmes et à de longues périodes de dormance.

L’analyse au radiocarbone du matériel végétal présent dans les échantillons de pergélisol a permis de dater ces nématodes à la fin du Pléistocène, tandis que les analyses génomiques ont révélé qu’ils appartenaient à une espèce non décrite jusqu’alors.

Les chercheurs ont réussi à cultiver ces vers pendant plus de 100 générations et ont comparé leur génome à celui d’une espèce parente existante, Caenorhabditis elegans, ce qui leur a permis d’identifier des gènes communs impliqués dans la cryptobiose.

Cette découverte offre un potentiel prometteur pour une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à cet état mystérieux de cryptobiose, ce qui pourrait éventuellement conduire à de nouvelles méthodes de stockage à long terme des cellules et des tissus. De plus, les chercheurs s’interrogent sur une limite supérieure possible à la durée pendant laquelle les nématodes peuvent demeurer dans cet état cryptobiotique.

Les implications de ces découvertes s’étendent également à notre compréhension des processus évolutifs, car le temps de génération des organismes peut varier de quelques jours à des millénaires. La capacité de survie à long terme de certaines espèces peut même conduire à la persistance de lignées autrement éteintes. Les auteurs de l’étude tirent ainsi des conclusions intéressantes sur l’importance de ces découvertes pour la biologie évolutive.

L’étude est publiée dans PLOS Genetics .

Publié par Laurent tourelle

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