Laurent tourelle
Une sécheresse sans précédent en Amazonie a provoqué une baisse dramatique des niveaux des rivières, révélant ainsi un ensemble de gravures rupestres préhispaniques. Ces sculptures, représentant des visages humains et d’autres formes, étaient pour la dernière fois visibles il y a plus de dix ans, lorsqu’une situation similaire de pénurie d’eau avait touché la région. L’identité de ceux qui ont créé ces œuvres d’art et leur objectif restent un mystère.
D’ordinaire submergés par les eaux du Rio Negro, ces visages au regard envoûtant ont été redécouverts sur le site de Ponta das Lajes, à proximité de la ville de Manaus. Actuellement, le Rio Negro affiche son niveau le plus bas en 121 ans, atteignant une profondeur de moins de 13 mètres pour la première fois la semaine dernière, à l’endroit où il se jette dans le fleuve Amazone.
Ces visages anciens avaient été vus pour la dernière fois en 2010, lorsque la sécheresse avait abaissé le niveau de l’eau à 13,63 mètres.
Une résidente de Manaus, Livia Ribeiro, a confié à l’AFP qu’elle avait entendu parler de ces sculptures après leur dernière apparition, mais qu’elle n’y avait pas cru jusqu’à ce qu’elle les contemple de ses propres yeux.
« Je pensais que c’était un mensonge… Je n’avais jamais vu ça. Je vis à Manaus depuis 27 ans », a-t-elle déclaré.
L’archéologue Jaime Oliveira, dans une déclaration aux médias locaux, a noté que la récente sécheresse a mis en lumière un plus grand nombre de sculptures par rapport à la sécheresse de 2010.
Bien qu’il ne puisse pas attribuer ces gravures à une culture précolombienne spécifique, il a souligné que la région est « un site précolonial avec des preuves d’occupation datant d’environ 1 000 à 2 000 ans », comme l’a rapporté BBC News.
Ces sculptures représentent des figures anthropomorphes, et à côté des visages, les archéologues ont également découvert des rainures sur une autre pierre, potentiellement creusées par d’anciens chasseurs ou guerriers autochtones pour aiguiser leurs flèches.
La sécheresse actuelle en Amazonie brésilienne a déjà eu des conséquences dévastatrices, notamment la mort de plus de 120 dauphins de rivière en septembre en raison des températures anormalement élevées de l’eau. Il est probable que ces conditions aient été aggravées par l’épisode El Niño de cette année, entraînant une diminution significative des précipitations dans la forêt tropicale par rapport à la moyenne historique.
Bien que d’autres facteurs aient pu influencer la météo cette année, il est prévu que le changement climatique entraînera davantage de sécheresses dans de nombreuses régions du monde à l’avenir. Les sculptures révélées pourraient ainsi être considérées comme un avertissement précoce de ce qui pourrait se produire si des mesures ne sont pas prises pour faire face à la situation actuelle.
« Nous venons, nous admirons (les gravures), mais en même temps, nous sommes inquiets… Je me demande aussi si cette rivière existera dans 50 ou 100 ans », a exprimé Ribeiro.
