Laurent tourelle
Autrefois perçue comme une simple colline, Gunung Padang, située dans le district de Cianjur, province de Java occidental, a révélé ses secrets grâce à des recherches approfondies. Construit pendant la période paléolithique, ce complexe mégalithique, longtemps confondu avec une formation naturelle, a été découvert comme étant la plus ancienne pyramide du monde, datant de 25 000 ans.
Les premières pensées selon lesquelles Gunung Padang était simplement une colline ont été dissipées par une équipe de chercheurs multidisciplinaires qui ont étudié le site entre 2011 et 2014. En 2018, ils ont avancé l’idée que cette structure, initialement confondue avec une formation naturelle, était en réalité une pyramide construite par des mains humaines sur plusieurs millénaires.
Le terme « Gunung Padang », signifiant « Montagne de l’illumination », prend désormais une signification nouvelle, englobant bien plus que ce qui était visible à la surface, comme le suggèrent des preuves tangibles présentées dans un compte rendu détaillé des recherches. Ainsi, cette découverte remet en question l’idée selon laquelle les pyramides ne seraient présentes qu’en Égypte ou en Amérique du Sud, établissant l’Indonésie comme le berceau potentiel de ces monuments coniques.
Les auteurs soulignent dans leur étude que la datation au radiocarbone des sols organiques des structures de Gunung Padang a révélé plusieurs phases de construction, remontant à des millénaires avant notre ère, la première phase ayant eu lieu durant l’ère paléolithique. Cette analyse renforce fortement l’idée que Gunung Padang n’est pas une colline naturelle, mais une construction en forme de pyramide.
Les chercheurs ont utilisé diverses techniques, telles que la tomographie par résistivité électrique (ERT), le radar pénétrant dans le sol (GPR) et la tomographie sismique (ST), pour explorer les caractéristiques internes de la colline et retracer la chronologie de sa construction.
Les carottages effectués en sept points distincts ont révélé que la pyramide a été érigée en quatre phases distinctes sur une période de millénaires.
S’élevant sur une hauteur de 20 à 30 mètres, la construction a débuté avec ce que les auteurs appellent l’unité 4. Enfouie profondément dans la colline, cette phase initiale semble avoir émergé d’une colline de lave naturelle, méticuleusement sculptée pour prendre sa forme actuelle entre 25 000 et 14 000 ans avant notre ère.
L’unité 3, constituée de roches disposées en colonnes comme des briques dans un édifice, a ensuite été érigée entre 7 900 et 6 100 avant notre ère. Environ un millénaire plus tard, entre 6 000 et 5 500 avant notre ère, un autre bâtisseur est intervenu à Gunung Padang pour édifier l’unité 2, suivi par le dernier constructeur entre 2 000 et 1 100 avant notre ère, achevant la construction de l’unité 1.
De manière intrigante, l’équipe de recherche a également découvert des indices de « cavités ou chambres secrètes à l’intérieur du site », bien que ces éléments nécessiteront une exploration approfondie lors de futures enquêtes sur le terrain. Ce qui suscite encore plus de perplexité, c’est que le site semble avoir été intentionnellement enseveli à plusieurs reprises, peut-être dans le dessein de dissimuler sa véritable identité à des fins de préservation.
Crédit image : Natawidjaja et al., Prospection archéologique, 2023 (
CC BY 4.0 )
Les chercheurs soulignent les « capacités de maçonnerie remarquables » des bâtisseurs paléolithiques de Gunung Padang, remettant en question l’idée bien établie selon laquelle des techniques de construction sophistiquées n’ont émergé qu’avec l’avènement de l’agriculture, il y a environ 11 000 ans.
En révisant un récit anthropologique de longue date, les auteurs concluent que les découvertes à Gunung Padang suggèrent que des pratiques de construction avancées étaient déjà présentes à une époque où l’agriculture n’avait peut-être pas encore été inventée.
L’étude est publiée dans la revue Archaeological Prospection .
