L’aversion pour les mots : une exploration scientifique du phénomène
Si l’idée de lire le mot « humidité » tout en portant un « pantalon » et en dégustant des « morceaux » de fromage vous met mal à l’aise, vous n’êtes pas seul. Pour certains, certains mots suscitent une réaction presque viscérale, un dégoût profond qui va bien au-delà d’un simple agacement. Mais d’où vient ce phénomène et que nous apprend-il sur notre relation avec le langage ?
Qu’est-ce que l’aversion pour les mots ?
L’aversion pour un mot est un sentiment de dégoût intense, irrationnel, que l’on ressent à l’écoute ou à la lecture d’un mot spécifique. Ce n’est pas une colère ni une offense, mais plutôt une réaction de répulsion qui peut être aussi incommodante qu’entendre des ongles sur un tableau noir. Le mot « moist » (humide) est souvent cité comme l’exemple parfait de cette aversion. Si vous n’êtes pas vous-même affecté par ce mot, vous connaissez probablement quelqu’un qui l’est.
En 2016, une étude publiée dans la revue PLOS ONE a constitué une première exploration scientifique de ce phénomène. Cette recherche a révélé que l’aversion pour certains mots pourrait être liée à leur association avec des sensations corporelles désagréables plutôt qu’à leur sonorité.
Qu’est-ce qui se cache derrière l’aversion pour les mots ?
L’étude a montré que ce n’est pas nécessairement le son du mot qui provoque le dégoût, mais plutôt ce que le mot évoque. Par exemple, le mot « humide » peut rappeler des idées désagréables liées aux fonctions corporelles, comme les sécrétions ou la moisissure. La recherche a aussi révélé que les mots tels que « flegme » suscitent des réactions similaires, renforçant l’idée que l’association à des fonctions corporelles peut être un facteur clé.
Le neuroscientifique David Eagleman a suggéré que l’aversion pour certains mots pourrait être liée à leur probabilité phonologique. Autrement dit, les mots qui sonnent de manière inhabituelle ou incongrue peuvent provoquer une réponse émotionnelle négative.
Une autre théorie propose que l’aversion pour certains mots est en partie sociale. Les blagues et les références culturelles autour des mots comme « humide » ont contribué à renforcer cette aversion. Jason Riggle, professeur de linguistique, explique que les blagues sur l’humidité ont pu sensibiliser encore plus de personnes à ce mot, transformant une aversion individuelle en un phénomène social.
Les dernières découvertes sur l’aversion pour les mots
Dans une récente étude préliminaire, David Eagleman et Hannah Bosley ont exploré davantage ce sujet. Ils ont demandé à 660 personnes de partager leurs sentiments à propos de mots jugés répulsifs comme « moist », « bulge » et « nugget ».
Les résultats ont montré que ces mots étaient perçus comme moins agréables que leurs équivalents plus neutres. De plus, les mots absurdes, même sans signification, ont suscité un fort sentiment de dégoût, suggérant que la familiarité avec un mot peut atténuer son effet négatif.
L’étude a aussi révélé que les personnes ayant une aversion pour certains mots établissent plus rapidement des associations entre le son du mot et sa signification, ce qui pourrait expliquer leur réaction intense.
Conclusion
Alors que les recherches continuent d’explorer les mécanismes de l’aversion pour les mots, une chose est claire : ce phénomène est aussi complexe que fascinant. La prochaine fois que vous serez confronté à un mot qui vous répugne, rappelez-vous qu’il y a des raisons profondes derrière cette réaction. En attendant que la science dévoile ses secrets, pourquoi ne pas essayer de voir le côté humoristique des mots qui vous déplaisent ?