Des données génétiques humaines anciennes récupérées
Des chercheurs ont extrait des données génétiques à partir de dents fossilisées d’une espèce humaine ancienne, ayant vécu il y a plus de deux millions d’années en Afrique du Sud. Ces données représentent de loin les informations génétiques les plus anciennes jamais récupérées sur un hominidé, permettant aux scientifiques d’explorer le lien de cette créature disparue avec l’arbre généalogique humain.
Une étude révolutionnaire
Les résultats de cette recherche, présentés dans une étude encore inédite, soulignent qu’aucun ADN ancien n’avait été extrait de matériel d’hominidé africain datant de plus de 18 000 ans. En surmontant cet obstacle, les auteurs ont réussi à séquencer les protéines de l’émail dentaire de quatre individus appartenant à l’espèce Paranthropus robustus, qui vivaient il y a environ 2,42 millions d’années.
Découverte à Swartkrans
Les dents, retrouvées dans la grotte de Swartkrans, à 40 kilomètres au nord-ouest de Johannesburg, se seraient accumulées à la suite d’inondations soudaines. Par la suite, une « cimentation extensive » a favorisé la préservation des protéines de l’émail pendant des millions d’années.
Cela a permis aux chercheurs de séquencer des centaines d’acides aminés présents dans chaque dent, en utilisant un processus appelé spectrométrie de masse, révélant des informations essentielles sur les relations évolutives de P. robustus avec d’autres hominidés.
Position dans l’arbre évolutif
Les auteurs de l’étude notent que les séquences analysées placent Paranthropus parmi les hominidés, en tant que groupe extérieur au clade incluant Homo sapiens, Néandertaliens et Dénisoviens.
En d’autres termes, cette ancienne espèce sud-africaine fait partie de la famille humaine tout en étant une cousine éloignée des espèces plus proches ayant émergé en Eurasie au cours des dernières centaines de milliers d’années, y compris les humains modernes.
Un individu atypique
Il est à noter que les analyses ont également mis en lumière qu’un des quatre spécimens africains pourrait être plus éloigné des trois autres que ces derniers entre eux. Les chercheurs émettent l’hypothèse que cet individu atypique pourrait même appartenir à un groupe distinct de Paranthropus, bien qu’ils ne puissent pas l’affirmer avec certitude.
Identification du sexe des spécimens
L’identification d’une protéine codée par un gène présent uniquement sur le chromosome Y a permis aux chercheurs d’identifier deux spécimens comme des mâles, alors qu’un d’eux avait été classé comme femelle en raison de la taille de ses os. Les deux autres individus présentaient des concentrations plus élevées de la version chromosome X de cette protéine, indiquant qu’il s’agissait de femelles.
Des avancées prometteuses
Malgré les informations génétiques recueillies permettant de découvrir des données vitales sur les anciens hominidés, elles ne suffisent pas à positionner avec précision P. robustus dans l’arbre généalogique humain ni à démêler toutes les relations évolutives de cet hominidé.
Néanmoins, les auteurs de l’étude concluent que « malgré ces réserves, la récupération de matériel génétique phylogénétiquement informatif [âgé de deux millions d’années] chez les hominidés africains représente une avancée potentiellement transformative pour la paléoanthropologie. »
L’étude, qui n’a pas fait l’objet d’un examen par les pairs, est actuellement disponible sous forme de pré-impression sur bioRxiv .