Une Entreprise Millénaire : Kongō Gumi
Le Japon abrite certaines des entreprises les plus anciennes au monde, mais aucune n’a survécu aussi longtemps que Kongō Gumi. Fondée en 578 de notre ère, cette entreprise de construction a une histoire fascinante.
Les Origines de Kongō Gumi
À l’époque, le prince japonais Shōtoku souhaitait construire un temple bouddhiste. Comme le Japon était principalement shintoïste, il manquait de charpentiers qualifiés pour ce type de construction. Il fit alors appel à des miyadaiku (charpentiers spécialisés dans les temples bouddhistes) d’un royaume bouddhiste, aujourd’hui la Corée. L’un de ces charpentiers, Kongō Shigetsu, fonda l’entreprise, marquant le début d’une longue histoire.
Construction de Monuments Historiques
Kongō Yoshie, 38e maître charpentier de Kongō Gumi et ses employés, 1930. (Photo : 撮影者 不明 via Wikimedia Commons , domaine public)
Kongō Gumi a d’abord construit le Shitennō-ji, le premier temple bouddhiste d’Osaka, puis le château d’Osaka. Ces structures ont régulièrement nécessité des reconstructions à la suite de destructions par incendies et autres catastrophes naturelles. L’expansion du bouddhisme au Japon a également généré un boom dans la construction de temples, offrant un flux constant de travail à l’entreprise familiale.
Expertise et Tradition Artisanale
Les ouvriers de Kongō Gumi étaient hautement qualifiés. Les apprentis passaient 10 ans à perfectionner leur art, et pour devenir maîtres charpentiers, ils devaient encore travailler une décennie supplémentaire. L’entreprise organisait ses ouvriers en kumi, des groupes indépendants spécialisés travaillant ensemble sur des projets. Cette tradition se poursuit aujourd’hui, favorisant la motivation et le partage des connaissances.
Adaptabilité et Innovation
Face aux défis, Kongō Gumi a montré une grande flexibilité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise s’est reconvertie dans la fabrication de cercueils en réponse à la diminution des projets de construction de temples. Après la restauration Meiji, elle a intégré le béton dans ses conceptions et a été pionnière dans l’utilisation de la CAO (conception assistée par ordinateur) pour les temples.
La Gestion et la Succession
Le rôle de charpentier en chef était crucial pour l’entreprise. Traditionnellement, le fils aîné de la famille héritait de ce poste, mais Kongō Gumi a souvent pris des mesures pour préserver l’entreprise si l’héritier n’était pas à la hauteur.
En cas d’absence d’héritier mâle compétent, l’entreprise pouvait rechercher un gendre qualifié pour assurer la continuité. Lors de la dépression de Shōwa après la Première Guerre mondiale, Yoshie, la veuve du 37e dirigeant, a dirigé l’entreprise avec succès, développant l’activité et séparant les postes de direction et de menuiserie.
Modernisation et Pérennité
En 2006, Kongō Gumi est devenue une filiale du groupe de construction Takamatsu, ce qui a renforcé son modèle commercial tout en préservant ses techniques traditionnelles. Actuellement, l’entreprise emploie 110 personnes, contre 80 lors de son acquisition. Elle génère environ 38 millions de dollars par an, avec des fluctuations selon les projets de temples et autres constructions.
Héritage Continu
Bien que la famille Kongō ne soit plus directement impliquée dans la gestion quotidienne, un membre de la famille porte toujours le titre de sho daiku (chef charpentier). En tant que fille du 40e chef de famille, elle est la 41e à occuper ce rôle.
Kongō Gumi reste l’entreprise la plus ancienne au monde en activité continue, témoignant de sa résilience et de son adaptation à travers les siècles.