Le responsable des antiquités égyptiennes a récemment dévoilé un projet de restauration visant à réhabiliter le revêtement en granit d’une pyramide antique, qualifiant l’initiative de « cadeau de l’Égypte au monde ». Cependant, cette annonce a suscité des réactions mitigées parmi les experts du patrimoine et les utilisateurs des médias sociaux.
Certains qualifiant le projet d' »absurdité » susceptible de causer des dommages à la structure. La diffusion d’une vidéo par Mostafa Waziri, président du Conseil suprême égyptien des antiquités, le 25 janvier, a dévoilé que le projet était déjà en cours.
Les images dévoilent Mostafa Waziri devant la pyramide de Menkaourê, située à la périphérie de Gizeh, au Caire, et considérée comme la plus petite des structures célèbres. Construite il y a environ 5 000 ans à partir de calcaire, de granit et de mortier, cette pyramide a été érigée comme le dernier lieu de repos du pharaon Menkaure.
La vidéo présente des ouvriers en train d’extraire du sable de la base de la pyramide, révélant déjà des couches de blocs gris. Selon Mostafa Waziri, le projet, qui durera trois ans, comprendra une étude et une documentation approfondies. Il a été qualifié de « cadeau de l’Égypte au monde » par Waziri, une expression souvent utilisée lors du lancement de projets nationaux emblématiques.
L’objectif déclaré est de restaurer la pyramide de 64 mètres à son état d’origine en la recouvrant de granit.
Cependant, la réaction de certains experts du patrimoine, égyptologues et du grand public a été empreinte de prudence.
Monica Hanna, égyptologue, a exprimé son désaccord en déclarant : « Quand allons-nous arrêter l’absurdité dans la gestion du patrimoine égyptien ? » Elle a souligné que cette intervention allait à l’encontre des principes de conservation, mettant en garde contre les problèmes visibles et les dégâts majeurs pouvant résulter de l’altération de la nature du monument.
Elle a également souligné que, même si les partenaires japonais du projet possèdent la technologie nécessaire, ils ne disposent pas de l’expertise archéologique requise.
Hussein Bassir, directeur des antiquités à la Biblioteca Alexandrina, a souligné la nécessité d’aborder le projet avec une extrême prudence, en tenant compte des multiples risques, comme rapporté par les médias.
Salima Ikram, égyptologue à l’Université américaine du Caire, a exprimé une perspective nuancée en indiquant que le projet pourrait être envisageable « tant que les pierres utilisées sont celles trouvées autour, et sans en ajouter de nouvelles qui n’appartiennent pas à la pyramide ». Cependant, il n’est pas clair si cela fait partie du plan.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont été nombreux et souvent sarcastiques. Certains ont ironisé en demandant : « Quand est prévu le projet de redressement de la Tour de Pise ? », tandis qu’un autre a suggéré de manière humoristique : « Plutôt que des carreaux, pourquoi ne pas tapisser les pyramides ? »
Les réactions vives et critiques ont incité le ministère égyptien des Antiquités à solliciter une pause afin de réévaluer la faisabilité du projet, comme rapporté par le Telegraph.