Laurent tourelle
Il n’est pas nécessaire d’être un vieux con pour exprimer un désamour envers la musique moderne. Les auteurs-compositeurs d’aujourd’hui sont peut-être soumis à des pressions différentes, mais ils ne parviennent tout simplement pas à capturer le groove de la même manière que dans les années 1980. C’est la conclusion tirée d’une récente étude portant sur l’évolution des paroles de chansons entre 1980 et 2020.
L’étude a révélé que, tandis que les couplets significatifs des artistes précédents semblaient souvent être des prières, les efforts plus récents sont souvent perçus comme de simples murmures insouciants. Les chercheurs ont analysé la complexité lexicale de 12 000 chansons, couvrant un large éventail de genres tels que le rock, la pop, le rap, la country et le R&B – une tâche qui aurait pu sembler sans fin.
Les conclusions indiquent une tendance à la baisse de la complexité des paroles depuis plus de 40 ans, avec des chansons devenant de plus en plus simples et répétitives au fil du temps.
À maintes reprises, les analyses ont révélé que la proportion de lignes répétées dans les chansons a continué de croître dans les cinq genres, avec une prévalence accrue de refrains et une diminution des couplets par rapport au passé.
Une baisse notable de la « richesse du vocabulaire » a également été constatée, ce qui signifie que tandis que les stars des années 80 créaient des phrases créatives pour décrire leurs sentiments, les chanteurs modernes sont plus enclins à utiliser des expressions simplistes comme « Dis-moi, Dis-moi ».
Pour expliquer cette tendance, les chercheurs avancent que « la musique plus répétitive est perçue comme plus fluide et peut conduire au succès sur le marché ». En d’autres termes, les artistes contemporains pourraient simplement chercher à obtenir un gain financier sans réel contenu artistique.
Cependant, afin de ne pas manquer de respect aux auditeurs modernes, les chercheurs soulignent que toute la musique n’est pas aussi dénuée de sens que cela pourrait paraître. Par exemple, leurs données ont révélé que, contre toute attente, les paroles des chansons rock plus anciennes sont recherchées plus fréquemment que celles des chansons plus récentes.
Les chercheurs avancent que cela pourrait refléter la tradition du genre de « résistance au capitalisme », allant à l’encontre de la tendance des styles musicaux plus « commerciaux » comme la pop.
De plus, les auteurs de l’étude notent que les paroles sont devenues plus colériques dans tous les genres, avec le rap montrant la plus forte augmentation de colère. Ils plaisantent en suggérant que peut-être les artistes devraient simplement se détendre.
Dans l’ensemble, les auteurs de l’étude concluent que « la composante lexicale, la structure et la rime des paroles, pour tous les genres étudiés, montrent généralement que les paroles deviennent plus simples avec le temps ».
Ils expliquent : « Cela se traduit par une baisse de la richesse du vocabulaire pour certains genres spécifiques, comme le rap et le rock, et par une augmentation générale de la répétitivité pour tous les styles musicaux évalués ».
L’étude est publiée dans la revue Scientific Reports .
