Les extrémistes, qu’ils soient politiques ou religieux, représentent souvent une menace sérieuse en raison de leur propension à recourir à la violence pour promouvoir leurs idéaux. Cette tendance a historiquement entraîné d’importantes pertes humaines. Les chercheurs de l’Université de Cambridge ont entrepris une étude pour identifier les signes précurseurs de cette propension à travers des tests cognitifs.
Leur recherche, publiée dans Philosophical Transactions of the Royal Society B, suggère que les individus présentant des performances mentales déficientes dans des tâches complexes pourraient être plus susceptibles de se radicaliser. Pour parvenir à ces conclusions, 334 participants aux États-Unis ont été soumis à une batterie étendue de tests cognitifs et de questionnaires de personnalité, une approche qui n’avait jamais été explorée avec autant de détail auparavant. Car des études ont déjà étudié ce sujet, mais jamais à ce niveau de détail, cette étude utilisant 37 tâches cognitives et 22 enquêtes de personnalité.
Les questionnaires de personnalité ont permis d’explorer les convictions et les traits des participants, tels que le dogmatisme (rigidité dans les opinions) et le conservatisme, tandis que les tests cognitifs ont évalué leurs capacités mentales avec des tâches similaires à celles des jeux d’entraînement cérébral courants.
Après analyse des données, les chercheurs ont observé des corrélations intrigantes.
Les individus adhérant à des croyances politiques, religieuses, nationalistes et dogmatiques partageaient des caractéristiques psychologiques communes, suggérant que la performance dans les tâches cognitives pourrait être directement liée aux idéologies.
En particulier, ceux qui étaient très conservateurs et nationalistes semblaient adopter une approche plus prudente et traitaient l’information stratégique de manière simplifiée, ce qui les rendait moins efficaces dans les tâches mentales complexes. Les participants dogmatiques, quant à eux, se montraient plus impulsifs et prenaient plus de temps pour rassembler des preuves, ce qui pourrait expliquer leur inflexibilité vis-à-vis de leurs convictions.
Les membres de groupes radicalisés, enclins à soutenir la violence, ont montré des performances médiocres dans diverses tâches mentales, se caractérisant par une propension à l’impulsivité plutôt qu’à la stratégie, et une mémoire de travail moins développée.
Ces résultats suggèrent que les personnes partageant des idéologies similaires ont probablement des traits cognitifs et de personnalité communs, surtout parmi les extrémistes.
On ignore encore si ces traits sont façonnés par leurs convictions ou si certaines personnes sont naturellement enclines à l’extrémisme. Cependant, les chercheurs indiquent que les modes de décision bas niveau pourraient jouer un rôle dans le développement des idéologies extrêmes.
À l’avenir, il pourrait être envisageable d’utiliser les performances cognitives pour identifier précocement les individus à risque d’extrémisme.
Cette approche pourrait être importante pour les forces de l’ordre et les professionnels de la santé mentale, bien que cela nécessite des recherches approfondies pour éviter toute forme de profilage dystopique. L’objectif serait plutôt de comprendre et de prévenir la radicalisation avant qu’elle ne mène à la violence, en redirigeant les individus vers des voies plus positives.