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L’illusion de l’adéquation de l’information : pourquoi les gens sont convaincus d’avoir raison sans posséder toutes les informations

Image par Joseph Mucira de Pixabay

Avez-vous déjà eu une dispute où vous pensiez avoir raison jusqu’à ce que vous réalisiez qu’il y avait beaucoup de choses que vous ignoriez ? Une nouvelle étude en psychologie propose une explication à ce phénomène à travers un biais appelé l’« illusion d’adéquation de l’information ». Ce biais explique pourquoi nous agissons souvent sur des hypothèses, même sans avoir toutes les données.

Comprendre la réalité : nos limites cognitives

Notre réaction face à des arguments ou à des opinions divergentes peut avoir de graves conséquences, que ce soit dans un contexte amical ou professionnel. Il est courant que chaque partie impliquée dans une discussion soit convaincue d’avoir raison. Selon les psychologues, ce biais est alimenté par notre tendance à croire que nous disposons de toutes les informations nécessaires pour prendre une décision, ce qui n’est souvent pas le cas.

Les humains ont une propension à confondre leurs préjugés avec une compréhension objective de la réalité. Ce phénomène, connu sous le nom de réalisme naïf, nous amène à croire que nos opinions sont le consensus. Cela complique le dialogue sur des sujets sensibles comme l’avortement, les relations israélo-palestiniennes ou le changement climatique, où nous avons tendance à rejeter les opinions des autres comme étant mal informées ou biaisées.

L’illusion de l’adéquation de l’information : un biais à prendre en compte

Des chercheurs de l’Ohio State University, de l’Université de Stanford et de l’Université Johns Hopkins ont récemment mis en évidence ce biais, qui pousse les gens à croire qu’ils possèdent suffisamment d’informations pour comprendre une situation. Ils ignorent souvent les « inconnues inconnues », c’est-à-dire des informations cruciales dont ils n’ont même pas conscience.

Par exemple, un conducteur qui s’impatiente derrière une voiture à un stop peut ne pas se rendre compte qu’un piéton traverse hors de sa vue. Ce manque d’informations empêche une évaluation adéquate de la situation et peut conduire à des frustrations injustifiées.

L’étude : résultats et implications

Pour illustrer ce biais et le différencier du réalisme naïf, les chercheurs ont interrogé 1 261 Américains sur un article fictif concernant une pénurie d’eau dans une école. Deux groupes ont lu des articles présentant des arguments opposés : l’un pour fusionner l’école avec une autre et l’autre pour la maintenir séparée. Un groupe témoin a accès à tous les arguments.

Les résultats ont montré que les participants des deux premiers groupes se croyaient suffisamment informés pour prendre une décision. En revanche, seulement 55 % du groupe témoin pensaient que la fusion était la meilleure solution. Ce constat démontre que même ceux qui manquent d’informations peuvent être très confiants dans leur jugement.

Vers une meilleure compréhension : la nécessité de l’humilité

L’étude a également révélé que certains participants étaient prêts à ajuster leurs recommandations après avoir pris connaissance des arguments opposés. Après avoir reçu toutes les informations, les résultats sont devenus comparables à ceux du groupe témoin, montrant que le partage d’informations peut favoriser un meilleur consensus.

En conclusion, bien que nous ne sachions souvent pas ce que nous ignorons, il est important d’adopter une approche d’humilité face à l’information. Dans un contexte de polarisation croissante et d’informations douteuses, être conscient de nos lacunes peut nous aider à mieux apprécier les points de vue des autres avant de porter un jugement.

L’article est publié dans PLOS ONE .

Publié par Laurent tourelle

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