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Pourquoi ne pouvons-nous pas envoyer toutes nos ordures dans l’espace ?

Image par Pexels de Pixabay

Aller là où personne n’est allé auparavant : jeter nos déchets dans l’espace

La Terre est confrontée à un grave problème de déchets. Chaque année, plus de deux milliards de tonnes de détritus sont générés, principalement dans les pays occidentaux, et seule une petite fraction est recyclée. Le reste ? Des déchets éternels qui s’accumulent.

Pour résoudre ce problème, nous avons tenté plusieurs stratégies : les enterrerles jeter dans l’océan, ou encore les exporter vers des nations plus pauvres, souvent avec des conséquences désastreuses pour les humains, les animaux et l’environnement. Mais aucune de ces solutions ne fonctionne à long terme. Alors, face à ce défi, certains ont imaginé une solution hors du commun : envoyer nos déchets dans l’espace.

Pourquoi envisager l’espace comme dépotoir ?

L’idée peut sembler audacieuse, voire absurde, mais elle a ses partisans. Après tout, l’espace est vaste et inexploré. Si nous manquons de place sur Terre, pourquoi ne pas exploiter cette étendue infinie ?

Certains, ont posé cette question légitime : et si l’espace devenait la réponse à notre problème de déchets ? Cela éviterait d’accabler davantage notre planète déjà saturée.

Cependant, avant de nous emballer, il faut examiner les réalités pratiques d’une telle entreprise.

Le coût astronomique de l’opération

Pour commencer, envoyer quelque chose dans l’espace est extrêmement coûteux. Un exemple marquant est celui de Blue Origin, qui a organisé des vols spatiaux pour touristes. Lors de l’un de ces voyages, un passager a payé 28 millions de dollars pour un siège, avant d’annuler pour cause d’emploi du temps chargé.

Les coûts actuels d’un lancement spatial restent prohibitifs, même avec les progrès réalisés ces dernières années. Le lanceur Falcon 9 de SpaceX, l’une des options les plus économiques, facture environ 1 200 dollars par kilo de charge utile pour atteindre l’orbite terrestre basse. Cela signifie que transporter des milliards de tonnes de déchets coûterait des trillions de dollars, une dépense que peu de nations ou d’organisations pourraient justifier.

L’immense consommation de carburant

En plus du coût financier, il faut tenir compte de la quantité colossale de carburant nécessaire pour envoyer une charge dans l’espace. La poussée requise pour vaincre la gravité terrestre est énorme, et l’impact environnemental lié à la fabrication et à l’utilisation de ce carburant poserait également un problème.

Comme l’explique John L. Crassidis, professeur de génie mécanique et aérospatial à l’Université d’État de New York à Buffalo, « il faut énormément de poussée et de carburant pour envoyer une charge dans l’espace ». Autrement dit, même si nous avions les moyens de financer de telles opérations, leur faisabilité énergétique resterait limitée.

Pour certains une idée séduisante, mais irréaliste

Si jeter nos déchets dans l’espace peut sembler être une solution magique à notre problème, la réalité est tout autre. Les coûts exorbitants, l’impact environnemental du transport, et les défis techniques rendent cette idée inaccessible pour le moment.

Plutôt que d’imaginer des solutions futuristes, il semble plus judicieux de nous concentrer sur la réduction des déchets à la source, le recyclage efficace, et la gestion durable des ressources ici, sur notre planète. L’espace reste pour l’instant hors de portée, sauf peut-être pour nos rêves les plus fous.

La pollution : un problème environnemental majeur

Personne n’aime l’idée de vivre près d’un énorme tas d’ordures, mais éliminer ces déchets d’une manière qui pourrait détruire la couche d’ozone n’est pas une solution idéale. Les lancements de fusées émettent des quantités importantes de polluants, comme la suie et les oxydes d’aluminium, qui nuisent gravement à l’environnement.

Une préoccupation croissante

Jusqu’à récemment, l’impact environnemental des lancements spatiaux n’était pas une priorité majeure. Selon Christopher Maloney, chercheur scientifique au laboratoire des sciences chimiques de la NOAA, « le nombre de lancements annuels était très faible, ce qui limitait leur effet global ». Cependant, Maloney avertit qu’avec une multiplication par dix des lancements de fusées prévue dans les 10 à 20 prochaines années, les recherches sur ces impacts deviennent plus pressantes.

Les émissions alarmantes des fusées

Une analyse du lancement de Falcon 9 en 2016 révèle qu’une fusée envoie 116 tonnes de CO₂ dans l’atmosphère… en seulement 165 secondes. Si nous devions utiliser ce type de technologie pour traiter des milliards de tonnes de déchets, cela deviendrait l’une des solutions les moins écologiques imaginables.

Et ce n’est qu’en supposant que ces déchets restent dans l’espace.

La sécurité : des risques bien réels

L’orbite terrestre basse : insuffisante

Envoyer des objets en orbite terrestre basse ne résoudrait pas le problème. « Il faut les éloigner de l’influence de la Terre », explique John L. Crassidis, professeur de génie aérospatial. Cela signifie qu’il faudrait transporter ces déchets à au moins 35 000 kilomètres de la surface.

Sinon, ces déchets risqueraient de s’accumuler parmi les satellites et autres débris spatiaux, augmentant le risque de collisions. Ces débris pourraient même retomber sur Terre, causant des accidents potentiellement mortels.

Des incidents déjà fréquents

Nous avons déjà vu des fragments de fusée tomber sur Terre de temps à autre. Bien que cela puisse sembler improbable, les scientifiques estiment qu’il y a une chance sur dix qu’un débris de fusée cause un décès humain au cours des dix prochaines années. Une augmentation massive des lancements spatiaux pour traiter nos déchets ne ferait qu’amplifier ce risque.

Le syndrome de Kessler : un scénario cauchemardesque

Même si les déchets restaient en orbite, le risque de syndrome de Kessler deviendrait une réalité. Ce concept, proposé par Donald Kessler, un scientifique de la NASA en 1978, décrit une réaction en chaîne où des collisions entre débris spatiaux créent de nouveaux fragments, rendant l’orbite terrestre inutilisable.

Comme l’explique le Musée d’histoire naturelle, cette réaction pourrait nous empêcher de continuer à utiliser l’espace pour des missions scientifiques ou des satellites, impactant gravement la communication, la météorologie et bien plus encore.

Et la Lune ou Mars comme solution ?

Face aux limites de l’orbite terrestre, certains pourraient suggérer d’envoyer les déchets sur la Lune ou Mars. Mais une telle entreprise poserait des défis technologiques et financiers encore plus grands, sans parler des implications éthiques et environnementales de transformer d’autres corps célestes en dépotoirs.

En conclusion, envoyer nos déchets dans l’espace est une idée séduisante, mais impraticable. Nous devons concentrer nos efforts sur des solutions durables et responsables ici sur Terre.

La logistique : des défis insurmontables

La Lune comme décharge : une fausse bonne idée

À première vue, la Lune semble être une solution idéale pour nos déchets : pas d’habitants, pas d’écosystème, ni de couche d’ozone à détruire. Cependant, ce scénario soulève de sérieux problèmes.

« Vous ne voulez surtout pas envoyer [nos déchets] autour de la Lune », avertit John L. Crassidis, professeur de génie aérospatial. Les déchets pourraient s’écraser à la surface, transformant notre satellite naturel en décharge. Cela poserait des problèmes éthiques et esthétiques, sans parler des implications potentielles pour la recherche et l’exploration spatiale futures.

Mars : une solution à court terme

Envoyer les déchets sur Mars pourrait sembler une alternative, surtout si l’on considère que seules des rovers solitaireset des bactéries hypothétiques pourraient en être affectés. Cependant, Crassidis met en garde contre cette approche à court terme :
« Il faut se projeter dans 200 ans. Avec un peu de chance, nous coloniserons [Mars]. Il ne faut pas y trouver des déchets. »

En d’autres termes, polluer une planète que nous pourrions habiter un jour serait contre-productif à long terme.

L’option nucléaire : jeter les déchets dans le Soleil

Une idée séduisante mais impraticable

Et si nous envoyions tout simplement nos déchets directement dans le Soleil ? Ce plan, souvent évoqué dans les mèmes, semble être une solution ultime. Mais en réalité, il est loin d’être réalisable aujourd’hui.

Selon Crassidis, plusieurs obstacles rendent ce projet prohibitif :

  1. Rassembler les déchets en un seul endroit serait une logistique titanesque.
  2. Lancer des charges massives vers le Soleil nécessiterait une technologie bien plus avancée que celle dont nous disposons actuellement.
  3. Chaque lancement spatial est limité en termes de poids, ce qui implique de multiples missions extrêmement coûteuses.

Un coût astronomique

L’envoi de déchets vers le Soleil pourrait coûter des milliers de milliards de dollars, selon les estimations. Et ce chiffre n’inclut même pas les défis techniques ou les risques environnementaux liés à ces lancements massifs.

Le recyclage : un avenir plus réaliste

Face à ces défis logistiques, technologiques et financiers, le recyclage reste notre meilleure option. Plutôt que de chercher des solutions extrêmes, il est crucial d’améliorer nos systèmes de gestion des déchets sur Terre.

Alors que nous continuons à explorer de nouvelles idées, il semble clair que l’espace, pour le moment, n’est ni une décharge viable ni une solution durable. Travailler sur des solutions terrestres est non seulement plus pratique, mais aussi essentiel pour préserver notre avenir.

Publié par Laurent tourelle

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