Un chirurgien basé à New Delhi, en Inde, Dr Narendra Kaushik, prévoit de réaliser une transplantation d’utérus chez une femme transgenre. L’objectif est qu’elle puisse tomber enceinte et mener une grossesse à terme. Cette procédure, bien qu’encore expérimentale pour les femmes transgenres, a déjà été effectuée avec succès chez des femmes cisgenres (assignées femme à la naissance).
Des antécédents de succès chez les femmes cisgenres
La première transplantation d’utérus réussie s’est soldée par une naissance en 2014. Par la suite, en 2018, une femme atteinte du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), qui était née sans utérus, a donné naissance à un enfant grâce à une greffe d’utérus provenant d’un donneur décédé.
Une avancée potentielle pour les femmes transgenres
Selon le Dr Kaushik, cette opération pourrait bientôt devenir une réalité pour les femmes transgenres. Il estime que cette avancée médicale pourrait améliorer leur santé mentale et leur qualité de vie en répondant à leur désir d’être mères. Une enquête de 2021 révèle d’ailleurs que 90 % des femmes transgenres considèrent qu’une greffe d’utérus renforcerait leur sentiment de féminité et soulagerait les symptômes de dysphorie.
« Chaque femme transgenre souhaite être aussi féminine que possible », explique le Dr Kaushik. « Et cela inclut le fait d’être mère. Nous avons nos plans et sommes très optimistes à ce sujet. »
Les options pour le don d’utérus
L’utérus pourrait être prélevé sur un donneur décédé ou sur un homme trans vivant. Selon des experts du National Center for Biotechnology Information, la greffe d’un utérus d’un donneur décédé serait plus sûre, car elle réduit les risques pour les donneurs vivants et simplifie la procédure.
Les défis médicaux et techniques
Malgré l’optimisme de certains, de nombreux obstacles subsistent. Parmi les défis majeurs figurent :
- La création d’une vascularisation utérine suffisante.
- La nécessité d’un traitement hormonal adéquat pour soutenir la grossesse.
- L’adaptation de l’utérus dans un bassin non gynécoïde.
« Les problèmes médicaux concernant la transplantation utérine avec une receveuse non cisgenre comprennent la création d’une vascularisation utérine adéquate de novo, la nécessité d’un remplacement hormonal approprié pour soutenir l’implantation et la grossesse, et le placement de l’utérus dans un bassin non gynécoïde »,
a écrit le Dr Amel Alghrani, professeur de droit à la School of Law and Social Justice de l’Université de Liverpool et ancien collaborateur du General Medical Council au Royaume-Uni, dans un article sur le sujet en 2018 .
Ces défis sont la raison pour laquelle les Critères de Montréal – lignes directrices éthiques pour la transplantation utérine – excluent actuellement les femmes transgenres en raison des risques élevés et du manque de recherches approfondies.
Les précédents et les risques associés
L’idée d’une transplantation d’utérus pour une femme transgenre n’est pas nouvelle. En 1931, Lili Elbe, une femme transgenre et artiste, fut la première à tenter l’expérience. Malheureusement, elle est décédée trois mois après l’opération à cause d’une infection.
Depuis, des avancées significatives ont été réalisées, mais les risques demeurent élevés, notamment pour l’implantation, le maintien de la grossesse et l’accouchement dans un bassin non adapté.
Perspectives et limites actuelles
Pour qu’une grossesse soit possible après une telle greffe, un traitement de fécondation in vitro (FIV) serait nécessaire, car l’utérus transplanté ne serait pas relié aux trompes de Fallope. Par ailleurs, l’accouchement nécessiterait presque toujours une césarienne en raison de la morphologie différente du bassin des femmes transgenres par rapport aux femmes cisgenres.
Bien que le Dr Kaushik n’ait pas encore fixé de date pour réaliser cette opération, il reste convaincu que cette avancée deviendra une réalité dans un futur proche.