Qu’est-ce qui orne les murs de votre cuisine ? Peut-être une représentation stylisée de paysage ou simplement des ustensiles suspendus pour gagner de la place. À Compiègne, en France, une dame âgée avait accroché dans sa cuisine ce qu’elle pensait être une icône religieuse grecque. Cette petite peinture de 8 pouces sur 10 pouces semblait être une scène biblique ancienne, mais apparemment sans grande importance.
Cependant, en 2019, elle a découvert qu’il s’agissait en réalité d’un chef-d’œuvre perdu du peintre florentin médiéval Cimabue. Après des démarches juridiques et une collecte de fonds massive, cette œuvre d’une valeur de 26 millions de dollars rejoindra la collection du Louvre.
Intitulé « Le Christ moqué », le tableau a été terminé en 1280. À l’époque, la plupart des œuvres d’art en Europe avaient une nature religieuse, et Cimabue excellait dans ce genre. Le panneau en question fait partie d’un diptyque de huit tableaux bibliques détaillant la passion et la crucifixion du Christ. Un autre panneau, « La Vierge à l’Enfant avec deux anges », se trouve à Londres, tandis que « La Flagellation du Christ » est à New York. On ignore la localisation des autres panneaux. Bien qu’il ne reste qu’une quinzaine d’œuvres de Cimabue, il est renommé pour avoir été le mentor de Giotto.
Suite à sa découverte dans la cuisine de la dame âgée, le tableau a été mis aux enchères et a été vendu en octobre 2019 pour la somme de 26,8 millions de dollars. Cependant, cette vente a suscité l’indignation en France, qui a qualifié l’œuvre de « trésor national » et a interdit son exportation. En suspendant la vente pendant 30 mois, le Louvre a réussi à mobiliser d’énormes fonds pour acheter le tableau, s’inscrivant ainsi dans un effort national visant à préserver ce trésor artistique. Le ministère français de la Culture a expliqué que « Cimabue pose les bases d’une nouvelle manière de peindre et aborde des questions qui seront centrales à la Renaissance : la représentation illusionniste de l’espace, du corps, de la lumière et des sentiments humains ».
Désormais abrité au Louvre, le tableau sera maintenu dans les meilleures conditions et sera accessible aux conservateurs de renommée mondiale. Il s’inscrira également dans une collection aux côtés des œuvres contemporaines de Cimabue, de son élève Giotto et des artistes italiens de la Renaissance qui ont suivi et ont développé son héritage artistique.
Selon le ministère, « Ce tableau inédit rejoindra, au musée du Louvre, la monumentale Maestà, autre chef-d’œuvre de Cimabue dont la restauration est actuellement en cours. Ensemble, les deux tableaux feront l’objet d’une exposition-événement au printemps 2025. » Ainsi, ce trésor médiéval perdu, peint par Cimabue en 1280, demeurera en France.